Réalisation d’une carte : Victor Hugo enterre son fils à Paris le 18 mars 1871
A l’occasion de la commémoration des 150 ans de la Commune de Paris, nous avons souhaité mettre en lumière, via Twitter, un événement peu connu de la première journée de l’insurrection communarde (https://twitter.com/LeCubeshs/status/1372473053905612804). Ce 18 mars 1871, le grand républicain Victor Hugo accompagne la procession funéraire de son fils, mort cinq jours auparavant d’un AVC foudroyant. A midi, le convoi s’élance de la gare d’Orléans (actuelle gare d’Austerlitz) jusqu’au cimetière du Père-Lachaise, mais se trouve bientôt contraint de slalomer entre les barricades en construction. Les gardes nationaux insurgés qui viennent de prendre position sur la place de la Bastille saluent respectivement le monument républicain que représente Victor Hugo.
Étape 1 Création du fond de carte de la région parisienne de 1870
Nous sommes partis d’un travail cartographique, en cours, sur la Commune en utilisant comme fond une carte de Paris de 1868, réalisée par Eugène Andriveau-Goujon. Celle-ci dépeint les projets d’urbanisation imaginés depuis 1851, aboutis ou non. La carte signale aussi des bâtiments importants comme des casernes, écoles, églises, usines ou monuments.
Étape 2 Recherche des sources
Afin de reconstituer au mieux le parcours de l’écrivain le 18 mars nous nous sommes surtout appuyés sur la presse du lendemain disponible sur Retronews (BNF), particulièrement Le Rappel fondé par le malheureux Charles Hugo et son frère François-Victor. Récit repris parfois presque mot pour mot dans d’autres journaux comme Le Gaulois, L’Opinion ou l’Univers. Pour ce qui est des événements liés à l’insurrection même, Le Figaro du 20 mars 1871 a été la source principale pour placer les barricades et situer les différents événements dans le déroulé de cette journée.
Les récits des témoins de l’enterrement de Charles Hugo ont aussi servi à essayer de déterminer le plus précisément possible le trajet du cortège ainsi que ses arrêts. Celui de Victor Hugo, lui-même, dans Choses vues (posthume), de Verlaine qui a suivi le cortège jusqu’au Père-Lachaise dans Mes souvenirs de la Commune (1891) ainsi que Lissagaray qui raconte l’arrivée du cortège Place de la Bastille dans Histoire de la Commune de 1871 (1876).
Les plus gros doutes ont porté sur les barricades montées, ou en cours de construction, ainsi que celles rencontrées par le cortège. Dans les récits a posteriori il est ainsi parfois mention d’insurgés démontant une barricade rue de la Roquette (entre le boulevard Voltaire et le Père-Lachaise) sans qu’on ne trouve trace de cette barricade dans les journaux de l’époque.